Le projet de loi 89 ne fait que démontrer la pertinence des syndicats 

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Nous soussignés représentons près de 45 000 travailleurs au Québec, membres des sections locales 931, 106, et 1999 du Syndicat des Teamsters. 

Nous souhaitons prendre position, publiquement et conjointement, afin d’exprimer notre inquiétude quant au récent projet de loi 89, présenté la semaine dernière par le ministre québécois du Travail, Jean Boulet.

Ce projet de loi, déjà décrié par la très grande majorité des syndicats et autres associations de travailleurs, propose, entre autres, de donner au ministre des pouvoirs discrétionnaires inédits, lui permettant, notamment, de mettre fin à une grève s’il juge qu’elle représente du dérangement pour la population, ou encore l’économie.

Il s’inspire, entre autres, des actions qui ont été entreprises l’été dernier par le gouvernement Trudeau, afin de mettre fin à la grève de nos confrères et consœurs Teamsters dans le rail, en renvoyant leur dossier devant le Conseil canadien des relations industrielles, plaidant que cette grève représentait une menace trop importante à l’économie pour être tolérée. Ce processus, présentement contesté devant les tribunaux, pourra, si le projet de loi 89 vient à passer, devenir monnaie courante au Québec.

Il s’agit de la pire attaque à la liberté syndicale depuis les années de Maurice Duplessis, et contre le droit du travail en général. L’idée de faire une grève est de déranger. Ce dérangement, social et économique, est le seul pouvoir que possèdent les travailleurs et travailleuses pour faire face aux entreprises, organisées en puissants lobbies.

Au moins, la lutte à ce projet de loi est déjà organisée, et de multiples contestations juridiques devraient ultimement venir le miner. Mais il ne faut pas baisser la garde, et le Syndicat des Teamsters sera du combat! 

Plus pertinents que jamais

Si ce projet de loi démontre une chose, c’est à quel point les syndicats sont encore pertinents. Ceux qui disent que notre rôle est révolu doivent bien le réaliser. Le droit des travailleurs et travailleuses est encore périodiquement attaqué. Qui, si ce n’est les syndicats, pourraient faire face à nos politiciens de droite? 

Le rôle des syndicats dépasse la simple représentation en milieu de travail. Nous sommes le contre-pouvoir des grandes entreprises et des entrepreneurs avares, qui finissent, par leur jeu de coulisse, à amener de temps à autre des projets de loi de la sorte.

Les syndicats représentent aujourd’hui la voix incontournable des travailleurs et travailleuses face aux attaques du pouvoir et aux dérives corporatistes. Le projet de loi 89, en tentant de limiter le droit de grève, révèle l’urgence d’une mobilisation collective pour défendre nos acquis sociaux et préserver la dignité de chaque travailleur.

L’histoire nous enseigne que les avancées syndicales se construisent dans la résistance et l’union. Face aux mesures autoritaires, la solidarité des travailleurs et travailleuses est le rempart essentiel contre toute tentative de fragiliser nos droits. Chaque action, chaque mobilisation renforce notre capacité à contrer les décisions unilatérales des gouvernements et des grandes entreprises.

La pertinence des syndicats n’a jamais été aussi évidente. Nous devons continuer à lutter ensemble, en affirmant notre volonté de défendre un modèle social fondé sur l’équité et la justice. Le combat syndical reste le pilier de toute société démocratique.

L’union de tous est la clé d’un avenir meilleur, sans compromis.

Pierre-André Blanchard
Président, Local 931

Denis Ouellette
Président, Local 106

Jean-François Pelletier
Président, Local 1999